Les récidivistes relégués à Radepont dans l’Eure (1952-1970)

Jean-Claude Vimont

Après 1945, la libération conditionnelle des prisonniers avant la fin de leur peine connait un nouvel essor. La Réforme pénitentiaire impulsée par Paul Amor en 1945 encourage la mise en place de régimes progressifs pour les condamnés et la libération conditionnelle bénéficie à ceux qui ont franchi toutes les étapes, pour ne pas dire toutes les épreuves, de cette nouvelle forme d’incarcération fondée sur l’observation régulière des comportements. Il en est de même des condamnés à la relégation qui, depuis 1942, peuvent profiter d’une libération conditionnelle à l’issue d’un délai d’épreuve de trois années.

Les réformateurs pénitentiaires avaient conscience que les placements en libération conditionnelle exigeaient des précautions, des tutelles, des contrôles. Ils encouragèrent les comités d’assistance aux libérés et demandèrent à des magistrats de garder la haute main sur ces aménagements de peines. Les services post-pénaux se développèrent , notamment grâce à des oeuvres qui avaient l’habitude de prendre en charge des prisonniers libérés. Ce fut le cas de l’Armée du Salut, dont l’un des dirigeants, le major Péan, fut étroitement associé à la Réforme pénitentiaire.

Elle mit à disposition des relégués libérés du centre de triage de Rouen, du camps de Mauzac, de la citadelle de Saint-Martin-de-Ré le beau château de Radepont dans l’Eure. Plusieurs centaines de relégués y furent hébergés, employés sur les terres environnantes ou dans des ateliers, pour de modiques salaires, avant une libération définitive quand aucune rechute n’avait eu lieu (fugue, évasion, rixe, excès éthylique).

L’article de Jean-Claude Vimont présente la chronique de ces séjours grace à la consultation des archives de l’Armée du salut. Il a été publié dans les “Mémoires de la protection sociale”, revue associée à Criminocorpus.